Après le prix Holberg en 2004, le prix Hannah Arendt pour la pensée politique en 2006, Julia Kristeva se verra décerner le prestigieux prix Havel à Prague, au mois d'octobre prochain. Pour connaître toute l'actualité de Julia Kristeva, rendez-vous sur son site : www.kristeva.fr.
Et pour écouter l'hommage rock à Julia Kristeva d'un groupe norvégien, The Kulta Beats, cliquez sur le lien suivant: http://www.kristeva.fr/kultabeats.html
« Je n’ai pas lu un aussi beau livre depuis très longtemps, je trouve ce livre absolument admirable, je trouve ce livre phénoménal, je trouve ce livre d’une intelligence totale, je trouve ce livre d’une puissance incroyable. On sait que Julia Kristeva est à la fois romancière, psychanalyste, philosophe, et elle arrive à faire un livre totalement dément dans sa construction, au croisement de ces trois disciplines. […]
C’est un des plus grands livres que j’ai lus depuis des années. Ça enfonce tout ! C’est magnifique ! C’est le grand livre de Julia Kristeva ! », Arnaud Viviant, Le masque et la plume.
« Thérèse mon amour, un magnifique exercice d’admiration, ou plutôt de fascination, mais une fascination lucide, à la fois érudite et passionnée. […] La plus grande réussite de cette éblouissante aventure qui a occupé Julia Kristeva pendant plusieurs années est certainement, par la manière dont elle fait résonner les textes de Thérèse dans le sien, de donner une immédiate envie de lire, ou de relire, le Livre de la Vie et la magnifique autobiographie qu’est Le Château intérieur. Même si l’on est psychanalyste. Même si l’on est athée. Et surtout si l’on aime la littérature. », Josyane Savigneau, Le Monde des livres.
« Un multi-roman foisonnant, […], un livre éclaté, bouillonnant, empathique autant qu’érudit. », Antoine Perraud, La Croix.
« Comment définir d’un mot le nouveau livre de Julia Kristeva sur sainte Thérèse d’Avila ? Pal-pi-tant. Ça caracole comme un roman d’aventures, c’est un tourbillon d’intelligence et d’humour, et on attend déjà le film ! Mieux que le « Da Vinci Code » ? Beaucoup mieux ! Tout est vrai, tout sonne juste. Dialogues, rythme d’enfer, musique céleste, rires et disputes à n’en plus finir sur fond d’Inquisition, on assiste fasciné au récit de la vie de la plus célèbre et de la plus méconnue des saintes, elle-même auteur d’une œuvre monumentale et fondatrice de monastères. », Patricia Boyer de Latour, Madame Figaro.
« Tantôt roman historique, tantôt essai psychanalytique, tantôt dialogué comme du théâtre, tantôt écrit sous forme de lettres, un ouvrage formidable, échevelé, exubérant, allègre, aussi bouillonnant que les transports de Thérèse. Ce qui la fascine ? Que cette hystérique fasse de sa foi sa thérapie. Qu’elle frôle la folie sans y céder. Qu’elle produise une œuvre littéraire, tout en fondant les carmes déchaussés. Tout bien considéré, Kristeva ne pouvait qu’adorer ce « conquistador au féminin » en qui elle reconnaît sa contemporaine. », Jacques Nerson, Le Nouvel Observateur.
« Au final, ces sept pages rédigées d’une plume flamboyante, parfois surréalistes – elles englobent même une véritable pièce de théâtre mettant en scène l’agonie de la sainte ! -, se donnent à lire comme une sorte d’analyse sauvage de la réformation du Carmel. », Jean Mercier, La vie.
- Extrait du chapitre premier
« Je vous salue, Thérèse, femme sans frontières, physique érotique hystérique épileptique, qui se fait verbe qui se fait chair, qui se défait en soi hors de soi, flots d’images sans tableaux, tumultes de paroles, cascades d’éclosions converties en langues à l’écoute de qui de quoi, écoute le temps gravé, tympan gorge cri écrit, nuit et lumière, trop de corps et sans corps, hors matière, matrice vide béante palpitante pour l’Aimé toujours présent sans jamais être là, mais il y a être et être, Il est en elle, elle en Lui, pressenti senti englouti, sensation sans perception, dard ou cristal, transpercée ou transparente, telle est la question, transverbération plutôt et encore inondation, la Madre est le plus viril des moines, le plus adroit des meneurs d’âmes, un jumeau du Christ, elle est Lui, Lui est elle, la Vérité c’est moi, c’est Lui au fond intime de moi, moi Thérèse, parano réussie, Dieu c’est moi et alors ! qu’est-ce ? un festin pour tous, qui fait mieux ? certainement pas Schreber, même pas Freud, trop sérieux ce Viennois, triste peut-être, la femme trouve plus facilement comment dire tout ça, quoi ça, mais elle, voyons, elle hors d’elle, évidemment, saisie d’effroi et de délices, le petit papillon expire avec une indélébile joie car Jésus est devenu lui c’est-à-dire elle, Jésus papillon, Jésus femme, je connais une personne qui sans être poète compose aussitôt des poèmes, des romans qui sont des poèmes avec quelque chose de plus, des mouvements en plus, vraiment je me demande si c’est moi, Thérèse, qui parle, le chemin c’est la souffrance, le Néant de tout, ce tout qui n’est rien, faites ce qui est en vous, mais en allégresse, soyez gaies mes filles, depuis vingt ans j’ai des vomissements tous les matins, maintenant c’est le soir et ça vient plus difficilement, je suis obligée de les provoquer à l’aide d’une plume ou autre chose, tel un bébé ou si vous préférez une bébée à la mamelle de l’Autre, mariage mystique ou bien mariage spirituel, ce petit Jean de la Croix y voit une différence, moi à peine, c’est l’envers et l’endroit, plutôt, Cantique des cantiques, comme toujours et encore, elle chante faux mais écrit juste et ne cesse de fonder ses couvents, ses filles, son Église, sa gestation à elle, son jeu, un jeu d’échecs, il est permis de jouer, oui, oui, même dans les monastères, surtout dans les monastères, Dieu nous aime joueuses, mes filles croyez-moi, Jésus aimait les femmes, pourquoi cet effroi à notre égard chez les docteurs, oui, échec et mat à Dieu aussi, oui, oui, Thérèse ou Molly Bloom, enfin je ne sens plus rien, je me coule dans l’eau du jardin, on s’écoule, on ne fait que jouir, les âmes qui aiment voient jusqu’aux atomes, mais oui, pour une âme comme la tienne tout est oui, elle voit jusqu’aux atomes infinis qui sont des atomes amoureux, les philosophes ne s’en doutent pas, ils deviennent lettrés, ils redoutent vos sensations, les meilleurs se font mathématiciens, ils apprivoisent l’infini, et pourtant c’est aussi simple que ça, mais oui, métaphores transmuées en métamorphoses, à moins que ce ne soit le contraire, mais oui, Thérèse, oui, ma sœur, invisible, extatique, excentrique, hors de vous en vous, hors de moi en moi, Thérèse mon amour, oui. »
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