Pour la première fois en France, le Petit Palais présente une rétrospective très complète de William Blake, le plus romantique des peintres anglais. Initiée par le musée de la Vie romantique, cet hommage veut rendre justice à celui qui fut à la fois un poète visionnaire et un graveur d’exception. Près de deux siècles après sa mort, Blake s’inscrit au sommet du génie britannique. Quelque 130 œuvres, exceptionnellement prêtées par les principaux musées d’outre manche, affirment l’intensité de son inspiration, applaudie en France par André Gide avant André Breton et les surréalistes.
William Blake (1757-1827) est bien connu du public comme dessinateur,
graveur, peintre, aquarelliste; le succès renouvelé des expositions de
la Tate Gallery l’atteste. La variété des œuvres picturales séduit chez
cet artiste proche de Henry Fuseli, à mi-chemin entre le «gothique» et
le fantastique selon Goya, qui a en outre illustré la Bible, Dante, Shakespeare ou Milton.
Mais
Blake est aussi un poète considérable qui –fait assez exceptionnel– a
lui-même illustré ses œuvres poétiques. Certes, «innocence et
expérience», ou Le Mariage du ciel et de l’enfer ont toujours
été associés à Blake; cependant cela a conforté sa réputation de naïf
ou d’illuminé pour de mauvaises raisons, car l’essentiel de l’œuvre
poétique est demeuré fort longtemps méconnu, voire même pratiquement
inédit.
Cet ouvrage propose un portrait qui s’efforce d’être
complet, avec une biographie, restituée à partir des faits connus, des
journaux, lettres, anecdotes dont on dispose, une introduction à
l’ensemble des œuvres picturales ou poétiques, sans les amputer de la
moitié d’entre elles, et en s’interrogeant sur les rapports que gravure
et écriture (la plume et le burin) entretiennent. Songeons que la
plupart des poèmes sont publiés sans les illustrations avec lesquelles
Blake les a conçues, alors qu’il s’agit d’un double texte, pictural et
verbal, quelquefois sur la même page.
Le grand prêtre James Joyce
fut l’un des premiers à exhumer et à utiliser cette œuvre singulière.
Les titres étranges ou insolites (Urizen, Ahania, Thel, L’Amérique, Tiriel, Milton, Jérusalem)
nous font découvrir hommes, femmes, enfants –un univers humain
appréhendé dans sa gloire et sa boue, entre abjection et sublime,
véritable archipel avec ses bas-fonds, ses coraux, ses écumes, ses
vagues successives– Jésus selon Blake y émergeant en surimposition.
Présenter
Blake comme un précurseur ou un «pré-romantique» n’a plus guère de
sens. Son œuvre s’impose comme un roc sur un océan, énigmatique et
d’une troublante immédiateté.
Armand Himy, professeur émérite de l’Université Paris-X, a enseignéla littérature anglaise et américaine en France et à l’étranger. Ses travaux comprennent des études sur Milton (Milton, Fayard, 2003), les poètes métaphysiques anglais, le puritanisme ainsi que des traductions dont une édition bilingue du Paradis perdu, et des nouvelles américaines contemporaines.
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