Le Mémorial de l’internement et de la déportation de Compiègne a été inauguré le 23 février dernier. De 1942 à 1945, quelque 45 000 personnes ont transité par le camp de concentration de Royallieu-Compiègne avant d’être déportés vers l’Allemagne et la Pologne.
Robert Desnos en faisait partie. Le 20 mars 1944, il quitte la maison d’arrêt de Fresnes à midi pour le Frontstalag 122, dit aussi camp de Royallieu. Il arbore le matricule 29803. Robert Laurence rappellera dans ses Souvenirs de déportation que Desnos, « militairement vêtu de kaki et guêtré, régnait par son dynamisme, son autorité, son optimisme, son assurance gouailleuse ».
Il y compose notamment un chant signé Valentin Guillois et griffonne sur son agenda l’idée d’un poème « Tu, Rrose Selavy, hors de ces bornes rêves/ soucieuse qu’un pas dans le sable marqué ne révèle… elle s’attache à toi comme une ombre à tes pas. »
Il écrit à sa femme Youki dans une lettre datée du 19 avril : « Quelle joie d’espérer que ce mot te parviendra ! avec ta photo et ton billet c’est ma plus grande joie depuis le 22 février. Ne te tourmente pas en ce qui me concerne, la santé, l’appétit et le moral sont excellents. J’ai coupé au dernier départ et j’espère bien ne pas être du prochain. »
Mais le 27 avril, il embarque dans un wagon de marchandises en partance vers l’est, dans le fameux convoi des tatoués, direction Auschwitz : « Ma Chérie, mes baisers avant le départ. Je pars confiant en toi, rassuré sur ta vie et la conduite de mes amis, compte sur moi et mon étoile. »
Suivront Buchenwald, Flossenburg, Flöha. Le poète est mort "libre" le 8 juin 1945 au camp de Terezin.
Pour en savoir plus sur Robert Desnos, voir sa biographie par Anne EGGER
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